« La langue maternelle c’est un joyau. » C’est grâce à elle que nous construisons le sens du monde qui nous entoure. Elle constitue le socle fondamental sur lequel d’autres langues pourront être construites. Voilà pourquoi la langue maternelle doit impérativement être valorisée, développée et soutenue :
Quelle est l’importance de la langue maternelle ?
« La langue maternelle c’est un joyau. C’est vraiment la base à partir de laquelle on apprend non pas à parler dans une langue, mais à parler tout court.
La langue maternelle, c’est-à-dire celle qui nous sert de référence initiale, c’est celle qui nous donne la sécurité, qui nous donne envie aussi de parler, envie d’interagir avec le monde et qui nous donne la sécurité pour le faire. Donc la langue maternelle c’est une sorte de pivot dont nous avons tous besoin pour pouvoir investir la parole, investir l’action sur le monde par la parole.
Cette langue maternelle c’est celle qui nous permet d’intégrer le langage dans toute sa dimension.
Et donc on apprend à parler dans une langue particulière, et c’est cette langue particulière qu’on appelle langue maternelle, mais qui peut aussi être la langue du père ou la langue de ceux autour de vous, qui vous portent, qui s’occupent de vous à cette période. La notion maternelle c’est plutôt pour dire que c’est celle qui est la matrice, qui donne à la fois la sécurité affective, la sécurité cognitive et également la sécurité relationnelle.
Donc cette langue maternelle c’est un joyau, c’est un trésor, il faut la garder à l’intérieur de soi, il faut la valoriser, il faut considérer que c’est vraiment la chose la plus importante pour pouvoir apprendre à être un être parlant. Et surtout désirer être un être parlant. »
Merci à Marie Rose Moro
Pédopsychiatre à la Maison de Solenn, Paris
Pourquoi faut-il développer la langue maternelle ?
« Il y a deux ordres de raisons. Il y en a une sur laquelle je vais passer vite mais à laquelle on pense toujours, c’est des raisons, disons, d’identité. La langue maternelle c’est un élément très profond, très ancré de l’identité. Et il est certain que c’est bien toujours de savoir d’où l’on vient et surtout d’être capable de garder le contact avec toute la partie de sa famille qui utilise cette langue au quotidien, disons, ne serait-ce que simplement pour garder les contacts. »
Et la deuxième raison ?
« La langue maternelle c’est la première expérience que l’enfant fait du langage, c’est la première façon qu’il apprend de construire le sens. Et il ne faut pas l’entraver. C’est plus grave d’entraver le développement de la langue maternelle que d’empêcher des gauchers de se servir de leur main gauche par exemple. Ça met en jeu des problèmes intellectuels et cognitifs plus importants. Et en même temps, ça enseigne implicitement que le plurilinguisme est un domaine de conflit dans lequel l’enfant serait du côté des perdants parce qu’il n’a pas la bonne langue au départ.
Si on introduit la langue seconde sur les bases de la langue première, c’est-à-dire en tenant compte des habitudes que l’enfant a pris de construire le sens, on va aboutir à construire des bilingues équilibrés qui seront bien dans le langage. Et ça c’est absolument essentiel. »
Merci à Michel Launay,
Professeur honoraire de linguistique à l’Université Denis-Diderot Paris 7