Le bilinguisme, ou on dirait plutôt plurilinguisme dans notre monde actuel, on le sait, présente énormément d’avantages pour les enfants.
En réalité les bienfaits du bilinguisme ne dépendent pas de l’intensité. C’est-à-dire que dans les années cinquante, on pensait que c’était vraiment très avantageux d’être bilingue à condition de maîtriser correctement les deux langues de la même manière. En fait, progressivement les différentes études et les différents contextes ont montré que le bilinguisme même à toute petite dose, même si par exemple je ne comprends que ma langue maternelle mais je ne la parle plus et je parle une langue seconde, eh bien, cette simple capacité à comprendre ma langue maternelle m’apporte quelque chose de plus.
La métacognition
C’est-à-dire que le bilinguisme multiplie mes capacités de compréhension du monde, mes capacités cognitives, comme cela a été très bien montré les dernières années. C’est que les bilingues, et les plurilingues aussi, bien sûr, ont plus de capacités à avoir des métacognitions. C’est-à-dire que non seulement je parle un petit peu ou très bien mes deux langues, mais en plus j’ai quelque chose en plus des unilingues : je suis capable d’avoir une réflexion sur le langage.
Par exemple, les enfants bilingues savent tout petits qu’entre une table et le mot table il y a une différence. Pourquoi ? Parce qu’une table, cet objet, je peux l’appeler différemment en fonction des langues que je maîtrise. Et donc, ces métacognitions que d’habitude on apprend très tard, vers la période où on apprend la philosophie vers 17 ou 18 ans, les enfants bilingues l’ont très tôt.
Les capacités relationnelles et la réflexion sur le monde
Le bilinguisme augmente mes capacités cognitives, plus que par deux, puisqu’il y a les métacognitions, mes capacités relationnelles. Ça augmente ma réflexion sur le monde.
La confiance en soi
Ça me donne l’idée que je suis capable de parler et de faire des choses que les autres ne savent pas faire. Ça augmente donc, ma confiance en moi, l’estime de moi et l’estime des autres.
L’empathie
Ça augment mes capacités d’empathie : je suis capable de me mettre à la place de quelqu’un d’autre, de celui qui parle une autre langue, de celui qui voit les choses autrement.
Et donc, c’est sur le plan cognitif, sur le plan affectif, sur le plan relationnel, sur le plan scolaire (les réussites des enfants bilingues sont bien meilleures que les unilingues), qu’on peut constater énormément d’avantages.
Alors, la condition c’est que l’enfant ou l’adolescent voit ce bilinguisme comme une chance. C’est à dire qu’il intègre l’idée que sa langue première est bonne, même s’il ne la parle pas ou peu : c’est très important, parce qu’une représentation négative diminuerait ces avantages, alors que ce ne sont que du bonheur, que des avantages !
Merci à Marie-Rose Moro, pédopsychiatre à la maison de Solenn, Paris
valentin kabore
4 juillet 2020 at 14 h 33 minTrès intéressant.
Coliglote
7 juillet 2020 at 14 h 58 minMerci Valentin !